Au cours de l’été 2020, la construction d’une nouvelle route forestière se dirige vers les sources de la vallée intacte d’Ada’itsx (Fairy Creek) sur l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, au Canada, sur le territoire non cédé de la Première nation Pacheedaht. Un groupe d’écologistes s’interpose et met en place un barrage pour empêcher l’exploitation des forêts anciennes dans la région. Pendant neuf mois ininterrompus, le mouvement s’étend d’un blocus à de nombreux autres, captant l’imagination de milliers de citoyens concernés, d’écologistes et de défenseurs des terres indigènes qui se joignent à un ultime effort pour sauver quelques-unes des forêts anciennes qui subsistent au Canada. Mais lorsqu’une injonction est approuvée, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) arrive pour arrêter les personnes qui s’opposent à l’exploitation forestière, déclenchant une impasse dramatique et historique, aujourd’hui reconnue comme le plus grand acte de désobéissance civile au Canada.
Grâce à un accès unique à des initiés et à l’utilisation du cinéma vérité, Fairy Creek suit ce blocus depuis ses débuts jusqu’à sa fin douce-amère, à travers l’objectif d’un ensemble de protagonistes du blocus et de ceux qui s’y opposent. L’air est imprégné d’un sentiment d’espoir et d’élan vers l’avant alors que notre protagoniste et l’un des leaders silencieux du mouvement, Shawna ‘Bushpig’ Knight, s’organise sur le terrain. Mais au fil des mois, les actions de Shawna deviennent un point de conflit dans la structure du blocus. Partisan de la sauvegarde des forêts anciennes, Bill Jones, un ancien de Pacheedaht, devient un cas isolé dans sa communauté, car il est l’un des seuls membres de Pacheedaht à plaider publiquement en faveur de la sauvegarde d’Ada’itsx (Fairy Creek). Dans le même temps, Kati George-Jim, leader de la jeunesse indigène de la nation T’Sou-ke voisine, se joint à la lutte pour un motif différent : demander la souveraineté sur les terres indigènes et la responsabilité des colons dans le mouvement.
Lorsque les forces de l’ordre commencent à intervenir, les téléspectateurs sont plongés dans les affres de cette protestation complexe. La GRC commence à établir des lignes d’exclusion et à mettre en œuvre un niveau sans précédent de tactiques militarisées pour fermer les camps de blocage. Les activistes répondent par des tactiques sophistiquées et épuisantes afin de poursuivre la lutte à tout prix. Des images inédites tournées à l’aide de téléphones portables nous emmènent dans les canopées de la forêt avec les “tree-sitters”, où le bruit assourdissant des tronçonneuses résonne dans la vallée et où les hélicoptères secouent leurs abris à 150 pieds d’altitude. Sur le terrain, Carmen “DJ Raven” fait preuve d’esprit et de charme pour assurer la liaison avec la GRC le jour et mener des missions élaborées pour construire l’infrastructure du blocus la nuit. Après plusieurs mois de force brute, les bloqueurs sont épuisés et se demandent si tous leurs efforts en valent la peine.
Au plus fort de la répression policière, avec plus de 1100 personnes arrêtées à Fairy Creek, le gouvernement annonce un report de l’exploitation forestière dans la région. Pour Mike McKay, propriétaire d’une scierie, cette annonce, qui fait suite aux manifestations de Fairy Creek, a eu un impact considérable sur son entreprise. Au-delà des lignes de front, les bloqueurs poursuivent leur combat en se rendant au prestigieux sommet des Nations unies sur le climat, la COP15, mais leur enthousiasme tombe à plat face à une conférence terne et à un affrontement inattendu entre les militants de la colonisation et les jeunes leaders indigènes, ce qui amène Shawna à s’interroger sur son rôle dans le mouvement plus large et à réfléchir sérieusement à son identité.
Fairy Creek est l’histoire d’une résilience et d’un courage, d’une quête d’un but, explorant la jonction du sacrifice personnel, de la souveraineté indigène, du deuil écologique et des tensions interpersonnelles qui conduisent aux retombées de la plus grande manifestation de désobéissance civile jamais organisée au Canada. En documentant ce moment important et controversé, le film attire l’attention sur une conversation beaucoup plus large : que faut-il pour trouver un terrain d’entente dans la lutte pour un avenir climatiquement juste ?